Capo 1st fret

Standard (EADGBE)

 On a parcouru le chemin

 De tes rêves à mes rêves

Tes doigts à mes seins

 De ta bouche à mes lèvres

 De la guerre à la trêve

 Combien d'fois, mon amour

 Combien d'aller-retour

 Entre la haine et l'amour

 Chaque fois, la route et ses chaos

 Et ses roches et ses trous

M'arrachaient à ta peau

 Me rej'taient sur tes g'noux

 Me tatouaient sur ta joue

 Combien de grands voyages

 Pour autant de naufrages

 Sur ce même rivage

 Jusqu'au jour où j'ai dit: "Va t'en !

 J'ai plus rien à blesser

 Qui soit vierge de coups

 J'suis fatiguée des kilomètres

 Qu'on franchit pour être

 À un plus mauvais bout"

 J'ai dit: "Prends ta voiture de fortune

 Et roule tant qu'tu voudras

 Va t'en donc promettre ta lune

 À une autre que moi"

 J'croyais pas qu't'allais m'obéir

 À la lettre comme ça

J't'ai regardé partir

 En mourant tout bas

 Sur la véranda

 Brisée à des endroits

 Que j'me connaissais pas

 Entre mon coeur et tes bras

 Les étoiles qu'j'avais dans l'regard

 Et qui semblaient te plaire

Sont venues s'échouer

 Comme des étoiles de mer

 Sur l'estran désert

 Le coeur comme un souv'nir

 Le corps comme un grenier

 J'ai eu peur d'm'écrouler

 Je sais pas d'quelle manière

 Comme poussée par le vent

 J'me suis mise à poursuivre, en courant

 Le nuage de poussière

 Qu'ta voiture de misère

 Faisait tourbillonner en filant

 Puis j'ai crié: "Attends-moi j'arrive !

 Je peux pas vivre sans toi

 Et si c'est pas une vie de te suivre

 Et bien ce s'ra c'que ce s'ra

 T'as encore, dans les mains

 La petite cuillère

 Qui m'ramassait si bien

 Quand j'm'écrasais par terre

 T'as encore, dans les mains

 La petite caresse

 Qui m'ferait, comme un chien

 Haleter d'allégresse"

 Ah, ah, ah,

 Ah, ah, ah,

 Mais, bien sûr, t'as rien entendu

 Et ton nuage et toi

Vous avez disparu

 Et je suis restée là

 Comme un cheval de bois

 Qui ne berce plus personne

 Et que l'on abandonne

 Que l'on met au rebut

 Un jour que j'me croyais mieux

 Que j'allais au village

Et que c'était pluvieux

 À deux nuages d'un orage

 À faire taire les oiseaux

 À deux pas du resto

 Et à trois du garage

 À deux doigts d'oublier

 Perdue dans mon imperméable

 Et dans quelques pensées

Comme: "C'est drôle dans le sable

 Toutes ces traces de souliers"

Comme: "J' sais pas c' que j' vais foutre

 De ma longue soirée"

 Juste à coté de moi

 Ce parfum agréable

 Ces cheveux familiers

 C'était... c'était toi

 Et l'orage éclata

 En même temps que le morceau de chair

 Qui me servait de coeur

 Et le vent se leva

 En même temps qu'un éclair

 Nous fit tous les deux trembler de peur

 J'ai dit: "Si tu viens pour les étoiles

 Elles sont tombées dans la boue

 Si t'es là pour me voir, j'te signale

 Qu'y'a plus rien à voir du tout"

 T'as dis: "J'ai parcouru

 Les chemins de mes rêves

 À des rêves qui n'étaient pas les tiens

 J'voulais juste que tu saches, mon amour

 Que ces foutus parcours

 Ont toujours été vains"

 Ah, ah, ah

 Ah, ah, ah,

 Alors j'ai dit: "Puisque t'es là

 Viens donc prendre un café

Si tu veux, tu jett'ras

 Quelques bûches au foyer

 Ça nous réchauffera

 Le temps que l'orage passe

 Et que le feu s'embrase

 Comme autrefois !"

 Et c'est là qu' t'as baissé les yeux

 Que t'as dit: "J'pourrai pas

Car, tu vois, y a un voeu

 Que j'ai fait là-bas

Elle te ressemble un peu

 Celle à qui j'ai dit: "Oui"

 Ce petit "Oui" précieux

 Que je n't'ai jamais dit"

 T'as ajouté qu'aussi

 Elle prend bien soin du p'tit

 Et qu't'es déjà trop vieux, aujourd'hui

 Pour réparer l'erreur

 La pire de ta vie

 Qui est celle d'être parti d'ici

 Tu t'es mis à g'noux dans la vase

 Pour me d'mander pardon

 Le tonnerre m'a volé ta phrase

 Et tu t'es levé d'un bond

 Et t'es parti, l'air malheureux

 Le pantalon tout sale

Et, au coin de mes yeux

 Y'avait comme... des étoiles